Dans le tennis, le mot « zéro » n’apparaît jamais au tableau d’affichage, ni dans la bouche des arbitres. Chaque point perdu au service donne lieu à une appellation particulière, qui échappe à la logique numérique classique. L’usage du terme « love » pour désigner l’absence de point déroute encore de nombreux spectateurs.
Cette convention linguistique ne trouve pas d’équivalent direct dans d’autres sports de raquette. Elle persiste malgré les tentatives d’explication, oscillant entre héritage historique et hypothèses étymologiques non vérifiées.
Pourquoi le zéro se dit-il « love » au tennis ?
Sur chaque court, que ce soit à Wimbledon ou à Roland-Garros, le zéro s’appelle autrement : love. Impossible d’y échapper. Ce mot rythme chaque annonce de score, s’impose dans l’apprentissage du jeu dès les premiers échanges, et intrigue tout autant qu’il fascine. Voilà une particularité linguistique solidement installée dans le vocabulaire du tennis, transmise de génération en génération sans que personne ne vienne vraiment la remettre en question.
Un point non marqué ? L’arbitre déclare « quinze-love ». Jamais « quinze-zéro ». Ce n’est pas un hasard, mais le fruit d’une tradition. Le système de points s’affiche ainsi :
- 0, appelé love
- 15
- 30
- 40
- puis jeu
Loin de la logique mathématique, cette façon de compter s’est enracinée au fil des siècles. Le mot « love » a d’abord trouvé sa place dans la langue anglaise, avant de s’imposer dans tous les tournois majeurs, du gazon britannique à la terre battue française.
Certains avancent que « love » viendrait de la forme d’un œuf, rappelant le zéro, d’autres suggèrent une filiation avec le mot français « l’œuf », dont la prononciation pourrait expliquer la transition. Mais aucune théorie ne fait l’unanimité. Une chose est sûre : le mot a fini par se fondre dans la culture du tennis, jusqu’à devenir la norme, repris à chaque annonce, à chaque point remporté ou laissé en route.
Employer « love » à la place de « zéro » donne au tennis ce je-ne-sais-quoi d’inimitable. L’échange verbal entre arbitres et joueurs garde ainsi une couleur propre, un code qui distingue ce sport jusque dans la manière de nommer ce qui n’apparaît pas encore au tableau d’affichage.
Origines et anecdotes autour de ce terme singulier
Sur le circuit, que ce soit lors des Grands Chelems ou dans les tournois plus discrets, le mot love revient inlassablement dans les annonces de scores. Son origine passionne linguistes et férus de tennis, et deux explications se partagent la vedette, sans jamais trancher.
Certains soutiennent que love descend du français « l’œuf », la forme ronde du zéro ayant été reprise par les Britanniques, en passant la Manche avec le vocabulaire du jeu. D’autres préfèrent la version anglo-saxonne, où « love » renverrait à l’idée de jouer par pur plaisir, « for the love of the game », un clin d’œil à ceux qui continuent même sans le moindre point.
Peu importe la théorie, le mot est là, martelé d’une voix neutre par l’arbitre de chaise, que ce soit en première semaine ou lors d’une finale, à Paris ou à New York. Le zéro, au tennis, devient bien plus qu’une simple absence de point : il incarne le poids de la tradition, la signature d’un langage propre aux passionnés.
Au fil des années, « love » s’est paré d’anecdotes. Les joueurs des premiers Opens, souvent battus sans appel, ironisaient en disant être repartis « with nothing but love ». Cette expression, chargée d’autodérision, montre à quel point le vocabulaire peut façonner l’identité d’un sport.
Comment le zéro est-il annoncé lors des matchs officiels ?
Sur le Central de Wimbledon comme à Roland-Garros, l’annonce du score suit un protocole strict : dès qu’il s’agit de zéro, l’arbitre dit love. « Quinze-love », « trente-love », « quarante-love ». Ce mot, unique, rythme le jeu et marque la différence avec tous les autres sports.
Les officiels appliquent scrupuleusement les règles dictées par la fédération internationale de tennis. L’annonce commence toujours par le score du serveur. Si ce dernier n’a aucun point, le « zéro » devient « love », sans exception. Jamais de chiffre, jamais de « nil ». La tradition prévaut, et le rituel se perpétue.
Pour mieux comprendre, voici quelques exemples concrets des annonces d’arbitre :
- « quinze-love » : le serveur a marqué le premier point
- « love-trente » : le serveur n’a encore rien marqué, son adversaire mène
- « quarante-love » : balle de jeu, le serveur n’a pas concédé de point
Dans la bouche de l’arbitre, le zéro au tennis prend une dimension particulière. Il accentue l’écart mais ne pèse jamais comme une sanction. Joueurs, spectateurs, ramasseurs, tous s’accordent sur ce code. Le score évolue selon la séquence : 0 (love), 15, 30, 40, puis jeu. À chaque niveau du circuit, le même vocabulaire s’applique, du premier point à la balle de match, chaque « love » s’inscrivant dans la mémoire du tennis.
Des expressions insolites liées au score dans le tennis
Le lexique du tennis ne s’arrête pas à love. Quand un joueur subit un set sans inscrire le moindre jeu, c’est le fameux bagel qui apparaît. 6-0 : la forme rappelle la viennoiserie new-yorkaise, et le terme s’est imposé, surtout depuis les années 1980. Même les plus grands champions, de Roger Federer à Rafael Nadal, y ont eu droit, parfois lors d’une mauvaise journée d’entraînement, rarement en compétition, mais l’anecdote circule.
Encore plus rare, la roue de bicyclette désigne un double 6-0, soit douze jeux encaissés d’affilée. Deux zéros côte à côte, comme deux roues parfaitement alignées. Subir une roue de bicyclette, sur dur ou sur terre, ça marque les esprits et s’inscrit dans la petite histoire du vestiaire, entre sourires crispés et souvenirs qui piquent un peu.
Ces expressions, héritées de l’histoire du tennis, racontent aussi la force d’une culture partagée. Le score ne se réduit pas à des chiffres : il se raconte à travers des termes parfois drôles, parfois mordants, toujours vivants. Un simple point perdu ou une manche blanche : chaque mot enrichit le récit du match. Le langage tennistique s’affranchit des codes classiques et donne au zéro, bien au-delà du tableau d’affichage, une place qui ne ressemble à aucune autre discipline.
Le tennis ne compte pas le zéro : il le célèbre, le détourne, l’incarne. Et chaque « love », sur les courts du monde entier, continue d’alimenter cette petite musique singulière que seul ce sport sait faire entendre.


