Un muscle qui manque d'énergie, c'est une machine qui cale. La réalité est brute : là où la dépense outrepasse ce que le corps peut fournir, progrès et performance s'évaporent. Pourtant, certains discours de coaching persistent à traiter la posture, l'effort ou la récupération comme des îlots isolés, ignorant leur alliance indissociable.
En épluchant la recherche, on découvre une pluralité d'approches pédagogiques. Pourtant, rares sont celles qui réunissent réellement les quatre paramètres indispensables au mouvement. Cette carence pèse lourd sur la transmission des savoirs et la qualité des apprentissages en éducation physique.
Comprendre les paramètres du mouvement : pourquoi sont-ils essentiels en éducation physique ?
La question des paramètres du mouvement s'impose comme un pilier dans l'apprentissage du geste. Les travaux sur l'Observation-analyse du mouvement (OAM) ont permis de baliser trois grands axes pour décoder l'action : Fond, Espace et Dynamique. Chacun de ces paramètres a son terrain : le fond tonicopostural (fonction phorique), la relation à l'espace (fonction haptique), et la dynamique expressive (fonction expressive). Inspiré à la fois par Laban et l'approche AFCMD, ce schéma renouvelle la lecture du geste, le rendant plus nuancé, plus riche.
Les points de rencontre entre ces sphères ne sont pas de simples croisements. Ils tracent des chemins décisifs : l'intention (fond et dynamique), la coordination (fond et espace), l'engagement (espace et dynamique). Visualisé par un diagramme de Venn, ce dispositif place la fusion des dimensions fonctionnelles et expressives au centre du mouvement. L'élève prend alors conscience que chaque action physique s'enracine dans un dialogue constant entre technique et expression, perception de l'espace et volonté d'agir.
Sous l'impulsion de Nicole Harbonnier, Geneviève Dussault et Catherine Ferri, l'OAM propose une lecture transversale du mouvement humain. Il ne s'agit pas seulement de viser la performance. L'enjeu est d'aiguiser la conscience corporelle, d'inspirer la réflexion en EPS et de bâtir une condition physique qui englobe l'ensemble des paramètres. Cette articulation entre analyse, transmission et élaboration du sens élargit l'horizon de l'action physique, en invitant à penser le corps comme un terrain d'exploration.
Quels types d'énergies mobilise-t-on dans le mouvement et l'accompagnement en coaching ?
Le mouvement, qu'il soit sportif ou pédagogique, fait appel à une variété d'énergies, que Rudolf Laban a modélisées à travers la théorie de l'Effort. Quatre facteurs-clés émergent : Flux, Poids, Temps et Espace. Ils sculptent la manière de bouger : l'amplitude, la fluidité, la vitesse ou la tension du geste. Le flux traduit la continuité ou la rupture. Le poids interroge la densité, la force, la sensation d'ancrage. Le temps module la rapidité, la progressivité ou la surprise. Enfin, l'espace invite à dialoguer avec les limites du corps, à explorer sa kinesphère personnelle.
Dans l'accompagnement, le regard du coach s'affine en observant comment ces paramètres se matérialisent dans la posture et l'intention. La fonction phorique s'ancre dans le fond tonicopostural, socle du geste et de l'identité motrice. La fonction haptique se manifeste par la capacité à mobiliser l'attention, le regard, à ajuster le mouvement en fonction du contexte immédiat.
L'étude du shape-flow éclaire l'adaptabilité du corps dans l'espace, tandis que la dynamique, chère à Laban, révèle la part expressive du geste. Le coach apprend ainsi à lire l'énergie : se disperse-t-elle ? Se concentre-t-elle ? S'accélère-t-elle ou s'enracine-t-elle ? Ce diagnostic, loin d'être anecdotique, façonne la pertinence de l'accompagnement et la qualité du retour adressé à l'athlète ou à l'élève.
La posture de coaching : un levier pour développer l'autonomie et la conscience corporelle
Par sa posture, le coach ne se contente pas de corriger un geste. Il crée un terrain où la prise de conscience devient une véritable expérimentation. Ce qui compte ici, c'est la qualité du lien : la présence, l'écoute, le regard, autant de points d'appui pour réveiller l'attention à soi et à l'autre. La séance évolue en laboratoire vivant, où chaque participant s'approprie et ajuste les paramètres du mouvement.
L'Observation-analyse du mouvement (OAM) éclaire ce processus, notamment à travers trois zones d'intersection : l'intention (fond et dynamique), la coordination (fond et espace), l'engagement (espace et dynamique). Dans ces zones de croisement, la posture du coach encourage la construction de sens. Chaque action devient une porte d'entrée pour explorer la perception, la représentation et la signification du geste.
Trois processus s'imbriquent dans cette dynamique :
- Perception : ressentir, s'accorder avec l'environnement, se laisser guider par les sensations.
- Représentation : mettre en mots, décrire, interroger les choix moteurs.
- Sens : attribuer de la signification, relier l'expérience à un apprentissage plus vaste.
Ici, pas de recette miracle. Le coach accompagne sans imposer, propose sans enfermer. L'autonomie se construit dans l'alliance entre expérimentation, parole et ressenti, là où chaque corps trouve ses propres repères.
Ressources et outils pédagogiques pour enrichir l'enseignement de l'EPS autour du mouvement
Au gymnase, sur le terrain ou dans une salle polyvalente, affiner l'analyse du geste repose sur la mobilisation de ressources variées. La modélisation du mouvement par l'OAM fournit aujourd'hui un socle méthodologique robuste, fruit du travail de Nicole Harbonnier, Geneviève Dussault et Catherine Ferri. Leur approche conjugue rigueur scientifique et attention fine à la réalité du corps en mouvement, offrant un cadre d'analyse pertinent pour l'enseignement.
Parmi les outils majeurs, l'analyse du mouvement selon Laban (LMA) se distingue. Elle propose d'explorer chaque action à travers quatre facteurs : flux, poids, temps et espace. Cette méthode aide l'enseignant à guider l'élève dans la découverte de la dimension sensorielle, tactile et expressive de son schéma corporel.
L'approche d'Hubert Godard avec l'Analyse fonctionnelle du corps dans le mouvement dansé (AFCMD) complète l'arsenal pédagogique. Elle encourage à relier en finesse les dimensions fonctionnelles et expressives. Grâce à ces dispositifs, l'enseignant d'EPS peut instaurer un climat propice à la réflexion pratique et à la prise de conscience de la dynamique du mouvement.
Voici, sous forme de tableau, les spécificités des principales approches :
| OAM | Observables structurés (fond, espace, dynamique) |
| LMA | Lecture des facteurs d'effort (flux, poids, temps, espace) |
| AFCMD | Analyse fonctionnelle et expressive |
La richesse de ces perspectives permet d'ajuster l'enseignement à la diversité des élèves. Chaque parcours, chaque mouvement, trouve ainsi un espace pour s'épanouir et se réinventer. Le corps en mouvement n'est plus un simple objet d'étude, mais un terrain d'expression, d'exploration et de progression partagée.

